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Une odeur de papier
7 août 2020

Désorientale

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Désorientale 

Négar DJAVADI, Ed° Liana Lévi, 2016.

Ce fut ma première lecture du confinement. J'avais acheté ce livre une semaine avant le confinement dans une librairie du boulevard St Germain. 
 Désorientale appartient à la catégorie des livres qu'on peut (doit ?) relire pour bien en affiner le message, tellement l'auteur aborde de sujets intéressants et variés. L'exil, la maternité, la maternité dans l'exil : peut-on avoir un enfant alors qu'on est comme en suspension entre deux pays ? La présence du pays quitté dans le pays d'accueil. Mais a-t-on quitté un pays ou une époque ?
Le style est fluide, le récit fait des allers-retours entre la France des années 1980-2000 à l'Iran des années 1920-1980 et nous amène à la rencontre de l'histoire de la narratrice et celles de ses ascendants (grands-parents et parents).  Est-ce une autobiographie ou un roman fortement inspiré de l'Histoire de l'auteur ? 

J'ai beaucoup apprécié ce livre même si il m'a surprise. J'avais des attentes, ce qu'il ne faut pas. Je pensais qu'il serait plus question d'exil et de la vie en exil de la narratrice et que j'aurais droit à quelques flash-backs. Or la majeure partie du récit consiste à retracer l'Histoire de Kimiâ. (Histoire avec un H car elle inclut celle de ses grands-parents et parents). Le livre nous emmène alors en Iran et nous suivons l'histoire récente et contemporaine de ce pays : le Chah Réza Pahlavi, son fils Mohammed-Réza Chah, Mossadegh et la nationalisation du pétrole, les fêtes de Persépolis, la montée de l'opposition et la révolution de 1979 phagocytée par les islamistes. 

"Pour la première fois, un journaliste occidental parlait de cette lettre et de son rôle décisif dans la Révolution. Pour la première fois, Rouhollah Khomeiny n'était plus considéré comme l'unique précurseur de ce bouleversement. Aujourd'hui encore, si vous vous aventurez dans la masse d'essais et d'articles consacrés à la Révolution de 1979, vous verrez qu'aucun observateur occidental, aucun de ceux qui prétendent connaître le Proche et le Moyen-Orient, ne fait l'effort d'appréhender cette Révolution sous l'angle d'un mouvement de protestation des intellectuels, un élan jailli dans les universités, porté par une jeunesse éclairée et non orchestré par le Vieillard Enturbanné alors en exil en Irak. Cédant à la facilité historique, à la dramaturgie western du face à face entre hommes, ces observateurs proposent une lecture concentrée principalement sur les derniers mois de 1978. La dernière ligne droite, quand Khomeiny, devenu figure messianique, occupait symboliquement l'espace de l'opposition et que l'Islam s'imposait comme le rempart contre une société inégalitaire façonnée à la cour du Roi".


C'est en réalité une flamboyante et passionnante saga familiale.

Mon seul regret est que le chapitre français de Kimiâ ne soit pas plus développé. Mais une relecture me permettra d'affiner ma perception de ce roman. 

Ce livre m'a fait aussi pensé à moi-même : superficiellement : il commence à l'hôpital Cochin, j'ai régulièrement joué au tarot pendant quelques années dans une brasserie devant cet hôpital, Kimiâ a été éduquée au lycée français de Téhéran et parle des relations Français - Iraniens dans cette école : j'ai aussi fréquentée, enfant, des EFE (Ecoles françaises de l'étranger), avais-je, avions-nous de telles relations ? (probablement...). 

J'espère vous avoir donné envie de lire ce livre et vous souhaite une très bonne journée malgré la chaleur plombante. 

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