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Une odeur de papier
2 octobre 2020

Calais mon amour

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Calais mon amour

Béatrice HURET avec Catherine SIGURET, Ed° KERO 2017. 

Rien ne me prédestinait à lire ce livre, tout comme rien ne semblait prédestiner l'auteure (autrice?) à aider les migrants à survivre dans la jungle de Calais, dans des conditions indignes. (La jungle a été démantelée en octobre 2016 mais les conditions de vie ignobles perdurent...). Je cherchais une bouilloire dans une grande surface, j'ai, immanquablement, fait un saut au rayon culture et je suis tombée sur ce livre... 

Je l'ai lu en une après-midi, j'étais happée. 

Béatrice Huret y décrit avec beaucoup d'honnêteté, de recul et de pudeur son retour à elle-même, son histoire d'amour avec Mokhtar, un migrant iranien chrétien et ses mois de bénévolat dans la jungle de Calais, avant et pendant sa relation avec Mokhtar. 

Retour à elle-même car au tout début du récit, elle sort d'une histoire de 20 ans avec un policier de la PAF, électeur du FN. Elle le suivait dans son vote par automatisme, sans se poser de questions tout en allant même jusqu'à militer au sein du parti d'extrême droite. Les migrants, surnommés par sa mère (non FN) les Kosovars, lui sont étrangers et elle leur est indifférente. Mais un jour de pluie, elle prend un jeune Soudanais en stop et l'amène à la jungle et c'est le choc ! Elle commence à militer, de l'autre côté de la barrière cette fois. 
Béatrice Huret décrit l'incompréhension de deux populations qui ne se regardent pas, ne se parlent pas et sont vouées toutes les deux à des formes, différentes, de désespoir. 

Béatrice Huret nous emmène  dans ses  activités, à la découverte des traces d'humanité dans le chaos et la misère, pour que le lecteur, par elle, voie la jungle avec d'autres yeux que ceux des médias sensation. On ressent son indignation et son envie de secouer ceux qui haïssent sans savoir, qui se défoulent de leur misère personnelle sur plus vulnérables qu'eux. Elle décrit sans fioriture l'insalubrité du lieu, la crasse, les maladies (gale), les difficultés pour se doucher. On ne peut rester indifférent. Même si, parfois, on voit légèrement poindre un sentiment satisfait, elle est honnête et décrit ceux qui conspuent mais aussi ceux qui aident. ceux qui aident par altruisme, humanité et humilité et ceux qui aident par profit : pour combler une faille, pour se vanter, pour obtenir des faveurs sexuelles...la misère dopée pour les miséreux. 

Et bien entendu, il y a aussi son histoire d'amour avec Mokhtar, leur rencontre, leur rapprochement et le départ de Mokhtar pour l'Eldorado, l'Angleterre. Grâce à elle, Béatrice Huret va se retrouver, renouer avec la personne qu'elle est profondément. Elle partage avec nous des moments choisis et poignants, mais toujours avec pudeur. Je pense que nous pouvons la remercier.

 

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